vendredi 26 juin 2015

Les hommes ont-ils vraiment un meilleur sens de l'orientation ?



Dans ma dernière vidéo j'avais promis de vous expliquer comment on se débarrasse de la déprime et de la dépression, mais le mois de juin est le mois des animations liées aux zombies et je viens tout juste de participer à l'événement Zomb'in the dark de Lyon au parc Lacroix-Laval : une course d'orientation qui (1) se passe la nuit et où (2)on est poursuivis par des zombies.
 
Pour s'en sortir vivants, il fallait courir vite. Mais il fallait aussi savoir s'orienter. Je me suis dit que c'était l'occasion de tester si l'idée selon laquelle les hommes ont un meilleur sens de l'orientation que les femmes était juste ou non.
 
Même si les cerveaux des hommes et des femmes sont globalement identiques, il existe quand-même de légères différences. Par exemple, le cerveau des hommes comporte en moyenne 16% de neurones en plus que celui des femmes.
Alors bien évidemment, ça ne veut pas dire que les hommes sont plus intelligents. On sait tous à quoi ils servent ces neurones en plus...
 
Au niveau psychologique, de nombreuses recherches montrent que les femmes et les hommes ont chacun leurs points forts. 
Les femmes :
  • ont un bien meilleur sens de l'observation.
  • elles sont aussi bien meilleures en ce qui concerne la mémorisation de listes de mots.
  • Elles sont également meilleures au niveau de la motricité fine, c'est à dire pour effectuer des mouvements qui nécessitent de la précision.
  • Enfin, elles sont aussi meilleures en calcul mental.
En revanche, les hommes sont meilleurs pour : 
  • lancer des projectiles avec précision, ou encore pour les intercepter.
  • Ils sont meilleurs en raisonnement mathématique.
  • Et ils sont meilleurs pour tout ce qui concerne la perception et le raisonnement dans l'espace.
Si l'on se base sur ces résultats, il est logique de supposer que les hommes ont un meilleur sens de l'orientation que les femmes. Mais les différentes recherches menées sur le sujet montrent des résultats contradictoires. Certaines suggèrent que les hommes ont en effet un meilleur sens de l'orientation.
Mais une recherche menée en situation réelle - c'est à dire une situation où les hommes et femmes sujets de l'expérience devaient réellement trouver leur chemin - par Bosco et ses collègues (2004) ne relève pas de différence en termes d'efficacité. Par contre, cette étude montre que les femmes et les hommes n'utilisent pas les mêmes stratégies pour s'orienter. En même temps, il est assez logique de supposer que chaque sexe, pour s'orienter, s'appuie sur ses propres points forts. Les hommes sur leur perception de l'espace, et les femmes sur leur capacité à observer et à mémoriser les détails.

Mais qu'est-ce qui explique cette différence ? Tout dépend du niveau d'analyse.
 
Chase Elliott Clark – Binoculars V

Les raisons biologiques

Si on s'intéresse au niveau hormonal, le sens de l'orientation est directement lié au niveau de testostérone.
Par exemple, une recherche menée par Hausmann et ses collègues montre que les femmes n'ont pas toujours le même sens de l'orientation. Les femmes ont un meilleur sens de l'orientation au moment de leur cycle où elles ont le plus de testostérone. Et au contraire quand elles ont le moins de testostérone c'est là que leur sens de l'orientation est le moins bon.

Certaines recherches suggèrent aussi que si l'homme a un meilleur sens de l'orientation c'est parce qu'il se repose plus sur son hémisphère droit que la femme qui, elle, utilise plus facilement ses deux hémisphères.
 

Les raisons évolutionnistes

Après, il y a un autre niveau d'explication qui est évolutionniste. Si l'homme a un sens de l’orientation plus développé que la femme ce serait à cause du mode de vie de nos ancêtres hommes des cavernes. 

L'homme, qui chassait, avait besoin de voir loin, de s'orienter, de calculer des trajectoires. Tandis que la femme n'avait pas besoin de développer ces aptitudes. Ce serait pour cette raison qu'il y aurait tant de différences entre les deux sexes au niveau du sens de l'orientation.

Mais bon, je répète ce que j'ai dit tout à l'heure : comme le suggèrait l'étude de Bosco les femmes n'ont pas forcément un sens de l'orientation moins développé que les hommes. C'est plutôt qu'elles utilisent des stratégies différentes pour s'orienter.

Et puis bon, si on compare le sens de l'orientation de l'homme même au plus nul des oiseaux migrateurs on verra que ce dernier l'écrase à plate couture. Donc y'a pas de quoi se vanter.
 

Sources


jeudi 18 juin 2015

Comment fabriquer de la dépression ?


Pourquoi se sent-on parfois déprimé(e) ? Quels sont les mécanismes psychologiques à l'origine de la dépression ? Dans cette vidéo, je vous explique les circonstances et les facteurs à réunir pour générer de la déprime.

On va parler d'un sujet pas drôle : la dépression. Mais comme je n'ai pas envie de vous plomber le moral et qu'en plus cette maladie n'est pas une fatalité, on ne va pas se lamenter sur le sort des personnes déprimées.

Selon Martin Seligman, un célèbre chercheur en psychologie, la recette de la dépression comporte deux ingrédients :
  • la rumination, qui consiste à ressasser constamment ses pensées ;
  • et le pessimisme, c'est à dire des idées négatives concernant le futur, mais également le passé et soi-même ainsi qu'un sentiment d'impuissance.
Donc en résumé, la dépression consiste à avoir des pensées négatives, et à y penser tout le temps.

Ici, on va s'intéresser au second paramètre : le pessimisme, c'est à dire aux circonstances qui font perdre aux gens tout espoir et tout sentiment de contrôle sur leur vie.
Ces circonstances, on peut les fabriquer expérimentalement, c'est à dire qu'on peut rendre volontairement des gens dépressifs dans un laboratoire. Je vais vous expliquer comment on fait.

D'abord, je vais vous parler d'une expérience réalisée sur des chiens. Personnellement, je trouve ça cruel. Je préfère de loin l'expérimentation sur les humains. Mais bon, tout le monde ne partage pas mon point de vue.


Comment rendre un chien dépressif ?

Je vais vous raconter une expérience réalisée par Martin Seligman et Steven Maier. Cette expérience s'est déroulée en deux phases, avec trois groupes de chiens.

Phase 1

Dans la première phase de l'expérience, à chaque essai un chien de chaque groupe était attaché à un harnais.
  1. Aux chiens du premier groupe, on envoyait des chocs électriques qu'ils pouvaient arrêter en appuyant sur un levier.
  2. Les chiens du deuxième groupe étaient reliés aux chiens du premier groupe de sorte qu'ils recevaient exactement les mêmes chocs électriques. La différence, c'est qu'eux n'avaient aucun moyen d'arrêter les chocs.
  3. Les chiens du groupe trois constituaient le groupe témoin. Ils ne recevaient aucun choc électrique.
Notez que les chocs électriques n'étaient pas très douloureux mais quand-même très désagréables. C'est pour ça que je disais que c'était cruel. :(

Quand les chiens du groupe 1 et du groupe 2 recevaient les chocs électriques, au départ ils s'agitaient un peu dans tous les sens à la recherche de ce qu'ils pouvaient faire pour éviter les chocs.
Les chiens du groupe 1 comprenaient assez vite qu'en appuyant sur le levier, ils pouvaient faire cesser les chocs électriques.
Par contre, les chiens du groupe 2 ne pouvaient pas faire cesser les chocs électriques et finissaient par se décourager.
Le chien du groupe 3, lui, attendait tranquillement.
 

Phase 2

Au cours de la seconde phase de l'expérience, on mettait les chiens dans une boîte séparée en deux parties par une petite barrière centrale.
A nouveau, on envoyait aux chiens des chocs électriques, qu'ils pouvaient éviter très facilement en sautant simplement au dessus de la petite barrière centrale pour se réfugier dans l'autre partie de la boîte.

Les chiens du groupe 1 n'ont eu aucun problème à éviter les chocs électriques. Dès qu'on envoyait un choc, ils sautaient au dessus de la barrière et ils étaient tranquilles.

Pareil pour les chiens du groupe 3. Même s'ils n'avaient reçu aucun choc électrique dans la première phase de l'expérience, ils ont très vite appris à sauter la petite barrière pour éviter les chocs.

Par contre, les chiens du groupe 2 n'essayaient même pas d'échapper aux chocs. Tout ce qu'ils faisaient, c'était s'allonger par terre et subir en silence.
En fait, la première phase de l'expérience avait appris aux chiens du groupe 2 qu'ils étaient complètement impuissants. C'est à dire que, quoi qu'il fassent, leurs actions n'avaient aucun effet.

Dans notre jargon de psy, on appelle ça l'impuissance apprise, ou la résignation acquise.

Notez que ce n'est pas la fréquence ou l'intensité des chocs qui déclenchaient ce sentiment d'impuissance, puisque les chiens du groupe 2 recevaient exactement les mêmes chocs que ceux du groupe 1. La seule différence, c'était le sentiment de contrôle : dans la première phase de l'expérience, les chiens du groupe 1 pouvaient arrêter les chocs électriques en appuyant sur un levier alors que les chiens du groupe 2 subissaient sans rien pouvoir faire.

Alors si on fait un parallèle avec l'être humain, ce n'est pas le nombre ou la fréquence des événements négatifs qui nous arrivent qui nous rend dépressifs et impuissants, mais plutôt le sentiment qu'on n'a aucun contrôle sur ce qui nous arrive. Et ce sentiment d'impuissance, très familier des personnes dépressives, nous conduit à baisser les bras.

C'est quand on croit que nos efforts sont inutiles qu'on devient passif.

Cette expérience réalisée sur des chiens a ensuite été répliquée sur des êtres humains. A la place des chocs électriques, on utilisait des sons très désagréables et à la place du fait de pousser un levier on utilisait la résolution de casses-tête par exemple. Et ça aboutissait au même résultat qu'avec les chiens : le découragement.

C'est bien beau tout ça, mais je suppose qu'à présent vous aimeriez savoir comment vous débarrasser de ce sentiment d'impuissance, comment faire pour se sentir mieux et arrêter d'être déprimé. C'est une question assez vaste, tellement vaste qu'elle fera l'objet d'une prochaine vidéo. Donc pour le savoir, il va falloir soit :

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vendredi 5 juin 2015

Comment savoir si un sourire est sincère ?



Dans cette vidéo, je vous montre comment repérer si un sourire est vraiment sincère ou s'il est simulé (par hypocrisie, par politesse, pour masquer sa timidité ou une autre émotion, etc.).

Symétrie

La première différence entre vrai et faux sourire se situe au niveau de la symétrie.du visage. Normalement, quand une émotion est sincère, les muscles des deux côtés du visage sont actionnés de façon identique.

Alors bien sûr, les visages parfaitement symétriques, ça n'existe pas, à moins d'avoir fait de la chirurgie esthétique. La plupart des êtres humains ont un visage qui est naturellement différent d'un côté par rapport à l'autre.

Mais là on parle uniquement de l'activation des muscles. C'est à dire que dans une émotion sincère, les muscles s'activent de façon identique des deux côtés du visage.
Au contraire, dans une émotion simulée, comme un faux sourire par exemple, les muscles s'activeront pus d'un côté du visage que de l'autre. Et le sourire ne sera pas parfaitement symétrique.

Le sourire se voit dans les yeux

La deuxième différence se situe au niveau des yeux. Si un sourire est vraiment sincère, on sait que la personne sourit même si on voit seulement ses yeux. Un sourire sincère actionne les muscles autour des yeux qu'on appelle "muscles orbiculaires."

Vous n'avez peut-être jamais entendu ce mot auparavant ? En fait, quand on regarde un schéma des muscles du corps humain, c'est les deux ronds rouges autour des yeux qui font un peu flipper.

Quand un sourire est sincère, ces muscles s'activent et ça produit :
  1. une remontée des pommettes ;
  2. l'apparition (ou l'accentuation) des rides "pattes d'oie" ;
  3. un léger abaissement des sourcils.
Ce léger abaissement des sourcils est l'élément le plus difficile à repérer et pourtant c'est le plus important. Parce que même dans le cas où un sourire n'est pas sincère, si la personne sourit très fort il y aura une remontée des pommettes et l'apparition des rides en pattes d'oie. Par contre, l'abaissement des sourcils ne se produit que lorsque les sourires sont sincères.

Timing

Il y a d'autres indices pour savoir si un sourire est sincère ou simulé, comme par exemple le timing, c'est à dire :
  • si le sourire arrive au moment approprié ou non, ou en léger décalage avec l'émotion censée être éprouvée,
  • si il dure trop longtemps, pas assez longtemps,
  • s'il apparaît trop lentement ou qu'il disparaît trop rapidement.
Mais là on entre dans le domaine de l'expertise, et il vous faudra beaucoup d'entraînement pour distinguer les vrais sourires des faux grâce à ces indices. Donc dans un premier temps je vous conseille de vous contenter des deux premiers dont j'ai parlé :
  1. la symétrie de l'expression sur le visage ;
  2. la contraction des muscles qui entourent les yeux.