mercredi 30 janvier 2013

L'échec, c'est bon ou mauvais ?

photo : StockMonkeys.com

« J’ai raté 9000 tirs dans ma carrière. J’ai perdu presque 300 matchs. 26 fois, on m’a fait confiance pour prendre le tir de la victoire et j’ai raté. J’ai échoué encore et encore et encore dans ma vie. Et c’est pourquoi je réussis. » Michael Jordan

Comme Michael Jordan, Walt Disney, Winston Churchill, Thomas Edison, Steve Jobs et tant d'autres, tout le monde a été ou sera confronté à des échecs. L'échec n'a pas empêché ces personnages célèbres d'atteindre le succès et la renommée qu'on leur connaît. Mais pour d'autres, il s'agit d'une épreuve trop difficile à vivre. Combien de brillants esprits ont renoncé à des carrières prometteuses parce qu'ils n'ont pas su se remettre d'un échec ? Voire même, combien y ont renoncé simplement par peur de subir un échec ?

Pourtant, l'échec est une chance. C'est par lui qu'on apprend le mieux. Ne dit-on pas apprendre « par essai et erreur » ? Dire l'inverse, apprendre « par essai et succès » n'aurait aucun sens.

A en croire Bruce Pandolfini, grand joueur et professeur d’Échecs, ce jeu porte bien son nom
Si l'on en croit Bruce Pandolfini, le jeu d'échecs porte bien son nom. Ce maître américain du légendaire jeu de stratégie enseigne son art et sa technique à de jeunes joueurs. Pour lui, perdre est une étape incontournable : « Au départ, vous perdez – et souvent. » Les futurs bons joueurs sont ceux qui apprennent à encaisser ces échecs. Beaucoup de jeunes joueurs trouvent que perdre est tellement dur qu'ils ne s'adapteront jamais. Mais les bons joueurs ne prennent pas l'échec personnellement. Ils ne s'impliquent pas émotionnellement dans le jeu.

Alors qu'est-ce qui différencie ceux qui se remettent des échecs de ceux qui les ruminent et n'arrivent pas à les dépasser ? La réponse ne se situe pas dans la gravité des échecs subis, ni dans leur nombre, mais dans la manière dont on les appréhende. Certains, comme le dit Samuel Beckett, « échouent mieux ».

« Ce ne sont pas les événements qui troublent les hommes, mais l'idée qu'ils s'en font. » Epictète

Il existe deux systèmes de croyance à propos de l'intelligence. Certains croient que l'intelligence est fixe, qu'elle ne peut pas être améliorée. D'autres croient au contraire que l'intelligence est malléable, qu'elle peut être améliorée avec l'expérience ou le travail.
Les premiers, ceux qui croient que l'intelligence est figée une fois pour toutes, sont moins résilients. Logique, si vous ne pensez pas que vous pouvez apprendre de vos erreurs, vous n'accueillerez pas l'échec à bras ouverts.
Au contraire, ceux qui croient que l'intelligence est malléable sont plus résilients. Ils considèrent que l'échec est une occasion de s'améliorer. La prochaine fois, ils ne reproduiront pas les mêmes erreurs. Et comme ils n'ont pas peur de l'échec, ils réussissent mieux.

Paul MacCready, Jr., le célèbre ingénieur aéronautique qui est mort en 2007, avait compris la valeur pratique de l'échec, et a même volontairement construit son succès sur cette idée.
Il a conçu le Gossamer Condor, un avion à propulsion humaine, spécifiquement pour résister aux crashs. Ainsi, en cas d'échec, le pilote ne risquait rien et l'avion était facilement réparable. Cela lui permettait d'essayer ses idées, puis de les corriger si elles ne fonctionnaient pas. Et ainsi de continuellement s'améliorer.
Il ne s'attendait pas seulement à échouer. Il était dépendant de l'échec. L'échec était pour lui une ressource. Et cette stratégie a fonctionné, Paul MacCready, Jr. a gagné le prix Kremer en 1977.

Ce qui était valable pour lui est valable pour nous aussi. La recherche a montré que lorsque nous cherchons la solution à un problème, l'échec permet d'apprendre plus rapidement : plus nos premières idées sont erronées, et plus nous apprenons vite. Le cerveau a besoin de l'échec pour se nourrir.

C'est aussi parfois une opportunité de changer. Les villes de Londres et Chicago ont chacune subi un grand incendie qui les a ravagées. Ces villes ont saisi cette occasion pour se reconstruire de manière plus cohérente et plus moderne.

« Les temps difficiles que nous craignons sont précisément ceux qui peuvent nous ouvrir et nous aider à fleurir. » Elizabeth Lesser