lundi 6 janvier 2014

Comment réagit-on lorsqu'on se sent menacé ? 1/3 : freeze

Lorsqu'une victime de viol trouve le courage de porter plainte, elle se retrouve immanquablement confrontée à la mauvaise foi de son agresseur. Presque à tous les coups, celui-ci se défend lors du procès en invoquant le consentement de la victime. "Elle était d'accord. D'ailleurs, elle ne m'a pas repoussé."
Il est vrai que certaines victimes de viol restent immobiles pendant leur agression. Mais cela n'a rien à voir avec un quelconque consentement de leur part. Elles sont tout simplement paralysées par la peur.

Vous avez peut-être déjà entendu le terme réponse fuite ou combat (en anglais fight or flight response). Ce phénomène a été décrit pour la première fois dans les années 1920 par le physiologiste américain Walter Cannon. Cannon avait remarqué qu'une chaîne de réactions réflexes se produisait dans le corps lorsqu'un individu se trouvait dans une situation menaçante.

Cependant, comme l'explique Joe Navarro dans son livre What every body is saying, le nom donné à ce processus, "fight or flight," est non seulement incomplet, mais en plus les mots se retrouvent dans le désordre. En effet, il serait plus juste de parler de réponse freeze, flight or fight puisque chaque animal, y compris l'être humain, passe par ces trois phases lorsqu'il se sent menacé.

Remontons à l'époque de l'homme des cavernes. Imaginons que vous marchez à la recherche de votre repas de midi, non pas en vous rendant à un camion pizza mais en parcourant la savane, puisqu'à cette époque les hommes doivent chasser pour nourrir leur petite famille.

Bref, vous parcourez la campagne à la recherche de gibier à vous mettre sous la dent et vous apercevez au loin un tigre à dents de sabres. Quelles options avez-vous pour survivre ?
 
 "Gentil, le chat !"

1. Première solution : freeze (gel)

Si le félin ne vous a pas encore vu, autant que ça reste comme ça. C'est en évitant d'être remarqué que vous avez le plus de chances de survie.
Il y a plusieurs façons de se comporter pour demeurer hors de l'attention de la bête. Vous pouvez tout simplement mettre un obstacle entre vous et les yeux de l'animal, en vous cachant derrière un rocher jusqu'à ce qu'il s'éloigne par exemple.

Mais votre premier réflexe, comme chaque être humain qui se retrouve face à un danger potentiel et même la plupart des animaux, sera de vous immobiliser le temps d'analyser la menace, comme si vous étiez gelé (en anglais « freeze »).

Pourquoi ? Ce réflexe semble avoir été implanté en nous au cours de notre évolution parce que les prédateurs remarquent plus facilement les cibles en mouvement. En restant immobile, vous courez moins de risque d'être repéré.
 
Une autre variante consiste à faire le mort. L'opossum, animal de la famille des marsupiaux, est passé maître en la matière. Lorsqu'il se sent menacé par un prédateur, l'opossum simule sa mort avec un remarquable souci du détail. Les membres raides, l'écume sortant de sa bouche il est même capable de produire une odeur de putréfaction qui décourage la plupart du temps ses agresseurs. Sans aller jusque-là, il arrive également à l'homme de simuler la mort en présence de danger.

Un opossum jouerait-il mieux la comédie que Marion Cotillard dans Batman ?


Je vous accorde qu'il serait probablement inutile et même dangereux de chercher à faire le mort dans l'espoir d'échapper à un tigre à dents de sabre, puisque cet animal se nourrissait de viande crue. Cependant, lors des tueries qui ont eu lieu dans des lycées américains, à Columbine par exemple, ce réflexe a sauvé la vie de plusieurs lycéens.

Alors que les forcenés venaient de rentrer dans leur classe et de tirer une rafale de balles sur les élèves, certains qui n'avaient pas été touchés sont pourtant restés inertes, comme morts. Les tueurs, ne voyant plus aucun mouvement, ont tourné les talons à la recherche d'autres cibles.

Dans ce cas, le réflexe de faire le mort a probablement sauvé la vie de ces lycéens. S'ils avaient paniqué, cherché à s'échapper ou tout simplement crié, les tireurs les auraient probablement pris pour cible à nouveau.

Ce réflexe de faire le mort a été mis en œuvre de façon automatique, immédiate. Les lycéens n'étaient pas préparés à l'arrivée de tueurs fous débarquant dans leur salle de classe avec des armes à feu. Rares sont les personnes qui imaginent un jour se retrouver dans ce cas de figure et se préparent à réagir.
 
Difficile d'imaginer quelqu'un se dire "si jamais ma classe se fait canarder par une bande de malades, je ferai semblant d'être mort pour qu'ils me laissent tranquille." Non, cette réaction a été mise en place de façon réflexe, sans passer par un processus de réflexion. Il s'agit d'un instinct ancré dans nos gènes, comme chez l'opossum.


Pour faire le mort, certains animaux sont meilleurs acteurs que d'autres.

Par contre, j'ai une mauvaise nouvelle. Le tigre à dents de sabre vous a vu. Il va falloir trouver une autre solution pour lui échapper.

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