lundi 13 janvier 2014

Comment réagit-on lorsqu'on se sent menacé ? 3/3 : fight


Souvenez-vous. Vous êtes un homme / une femme des cavernes et vous essayez d'échapper à un tigre à dents de sabre. Vous avez déjà tenté d'éviter d'être remarqué(e) (freeze), mais ça n'a pas fonctionné. Alors vous avez décidé de fuir (flight) pour lui échapper.

Mais ça n'a pas fonctionné non plus. Il vous court après. Ce tigre à dents de sabre ne vous lâche décidément pas la grappe. Malgré la peur qui vous donne des ailes, il va bientôt vous rattraper. Il faut trouver une autre idée si vous ne voulez pas vous faire bouffer.

Le combat : votre dernier recours

Si votre cerveau estime à un moment donné que fuir ne vous sauvera pas, il décide que le combat est votre dernière option. Il entre alors en mode "fight."
Le combat, dans le monde animal, constitue souvent un dernier recours face au danger. Même les lions, qui n'ont pourtant pas de prédateurs naturels, préfèrent fuir lorsqu'on les pourchasse.
 
Lorsque les guides locaux accompagnaient les colons blancs chasser le lion en Afrique - pour décorer leur salle à manger avec leur tête empaillée - ils leur prodiguaient un judicieux conseil :
Ne surtout pas acculer le lion contre un obstacle, comme un cours d'eau ou une falaise. Car tant qu'il avait la possibilité de fuir, l'animal préférerait courir pour échapper au chasseur. Mais s'il se retrouvait coincé, alors il se retournerait et se mettrait à attaquer. C'est à ce moment qu'il deviendrait le plus dangereux.
 
Contrairement à l'être humain, les autres animaux ont tendance à éviter d'avoir recours à la violence tant qu'ils le peuvent

Pas courageux les lions ?

Rien à voir avec le courage mais plutôt avec le bon sens. Réagir par le combat à chaque menace n'a aucun sens. Même quand on a le dessus sur son ennemi.
 
Au cours de la préhistoire, les animaux qui réagissaient par l'agressivité alors qu'il y avait une possibilité de fuir ou de se cacher couraient plus de risques de mourir ou d'être blessés. Ils ont donc moins survécu, et ont moins transmis leurs gènes que les autres, plus prudents.
Si bien que l'évolution de la plupart des espèces, y compris la nôtre, a été façonnée de façon à envisager le combat comme un dernier recours.

Il faut bien avouer que contre un tigre à dents de sabre, plein de griffes et de crocs, entraîné pour tuer, un être humain aura peu de chances de survie. Mais là encore, une émotion vient à votre rescousse : la colère.

La colère vous rend plus apte au combat

L'émotion de colère comporte certaines similitudes avec la peur. Par exemple, elle aussi provoque l'augmentation des rythmes cardiaque et respiratoire, sous l'effet de l'adrénaline. Mais elle comporte néanmoins des différences importantes :
  • Contrairement à la peur, la colère renforce le tonus de l'ensemble des muscles, pour pouvoir porter des coups précis avec une force supérieure à la normale.
  • La colère diminue la sensation de douleur.
  • Au niveau mental, elle entraîne une perte de la capacité à raisonner logiquement.
  • Elle diminue la capacité à envisager les conséquences de ses actes.
  • Elle conduit à une focalisation sur l'élimination de l'ennemi par la force.
  • De plus, beaucoup de personnes trouvent l'expérience de la colère plaisante. Non pas qu'ils soient contents d'être en colère, mais la colère les fait se sentir puissants, forts. Et ce sentiment leur est agréable, ce qui explique qu'ils n'aient pas envie de faire quelque-chose pour cesser d'être en colère (contrairement à la peur par exemple).
  • Enfin, l'expression qui se peint sur le visage est elle aussi différente de celle de la peur.
 
Les éléments qui composent l'expression de colère
 

Des effets pernicieux

La colère peut se révéler très utile pour mobiliser vos dernières ressources lorsque vous faites face à un tigre à dents de sabre. Mais la plupart du temps, de nos jours, elle se révèle contre-productive voire dangereuse.
Aujourd'hui, il est très rare que notre survie dépende de notre capacité à combattre efficacement un ennemi par la force. Les stimuli qui déclenchent la colère de nos jours constituent des menaces bien pâlichonnes comparées à l'attaque d'un tigre à dents de sabre : reproches au sein du couple, attente un peu longue à la caisse du supermarché, etc.

Pourtant, l'émotion de colère produit toujours les mêmes réactions dans le corps et le cerveau qu'à l'époque de l'homme des cavernes.

Il arrive que l'on se mette en colère pour de bonnes raisons. Face à une injustice infligée à soi ou à autrui par exemple. La colère est le moteur qui a conduit beaucoup d'associations à naître et à se battre pour faire changer les choses dans le bon sens. Elle est également à la base de nombreuses pétitions et décisions politiques positives.
Mais cette émotion, lorsqu'elle est mal gérée, devient dangereuse. Sa faculté à nous rendre crétins et à nous faire perdre la notion de conséquences de nos actes conduit à des faits divers tragiques, comme cet homme poignardé pour une histoire de cigarette, ou cet autre homme blessé alors qu'il tentait de protéger une femme des coups de son mari

Mais même sans aller jusqu'à la violence physique, la colère peut faire des ravages par les mots. C'est ce que je constate souvent avec les couples que je reçois en thérapie conjugale, lorsque les disputes deviennent le seul mode de communication face aux frustrations de l'un et/ou de l'autre.
 
Enfin, parfois la colère trouve d'autres voies pour s'exprimer, comme le recours à la justice. Dans les cas extrêmes, certaines personnes accusent à tort les personnes contre lesquelles elles sont en colère. Le fait de porter plainte est dans ce cas une arme symbolique.

Et vous, qu'est-ce qui vous met le plus en colère ?

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