L'indéfectible optimisme de Bugs Bunny est-il dû à son régime alimentaire ?
Il y a quelques temps, je suis tombé sur une recherche montrant qu'il existe un lien entre la consommation de carottes (et plus précisément de bêta-carotène) et la tendance à l'optimisme.
Pour résumer, l'étude en question montre que les gens qui mangent beaucoup de carottes sont plus optimistes.
Par contre, avant de dévorer huit carottes par jour dans l'espoir de voir en toute circonstance le verre à moitié plein, attendez un petit peu. En effet, l'étude n'a montré qu'un lien de corrélation, et non de causalité. Il y a donc trois explications possibles à ce phénomène :
- soit c'est la consommation de carottes qui rend optimiste (et si c'est le cas, ça vaut le coup de se goinfrer de carottes) ;
- soit, à l'inverse, c'est le fait d'être optimiste qui conduit à faire plus attention à sa santé en mangeant plus de légumes, dont des carottes ;
- soit, dernière possibilité, il existe une troisième variable qui rend à la fois optimiste et mangeur de carottes. Par exemple, une tendance génétique, un style d'éducation, un statut socio-économique élevé, etc.
En tout cas on ne peut pas dire que les mangeurs de carottes manquent de créativité.
Il ne fait aucun doute que les chercheurs éclairciront la question dans l'avenir. Mais en attendant, il est légitime de se demander en quoi l'optimisme est-il utile ? Et plus précisément, est-ce qu'être optimiste favorise le bonheur ?
Comme le dit le docteur en psychologie Betty W. Phillip, l'optimisme est un état lié au bonheur mais ce n'est pas la même chose. L'optimisme est un terrain favorable. Il permet de mettre en œuvre les actions nécessaires pour surmonter les obstacles, pour éviter/se remettre des événements négatifs qui se produisent au cours de toute vie.
Le pessimisme, en revanche, conduit à baisser les bras plus facilement, à se noyer dans le négativisme, et à l'extrême : la dépression.
Les avantages de l'optimisme
Comme le montre Martin Seligman dans son livre Learned optimism, faire preuve d'optimisme comporte de multiples avantages. Je vous en propose ici un aperçu non exhaustif.Les optimistes ont une meilleure santé
Une étude (Giltray et al., 2006a) a montré que les hommes optimistes ont moins de risques de mourir d'une maladie cardio-vasculaire que les pessimistes. Cette tendance a été confirmée également chez les femmes et élargie à d'autres maladies (Tindle et al., 2009), montrant que la tendance à la négativité a un impact négatif sur leur santé. Schultz et al. (1996) ont montré que le pessimisme réduit le taux de survie des jeunes malades atteints d'un cancer.Une étude longitudinale ayant suivi 99 personnes pendant 35 ans a montré qu'être pessimiste au début de l'âge adulte conduit plus souvent à une mauvaise santé quelques années plus tard (Peterson, Seligman et Vaillant, 1988), ce qui tend à confirmer que c'est bien la tendance à l'optimisme ou au pessimisme qui influe sur la santé et non l'inverse.
Face au stress, l'efficacité du système immunitaire des pessimistes est plus fortement affectée (Bachen, Manuck, Muldoon, Cohen, & Rabin, 1991). De même après le décès d'un proche (Kivimäki et al., 2005).
Et même lorsque les optimistes ont une mauvaise santé, ils sont mieux armés que les optimistes. Par exemple, ils ont une meilleure qualité de vie après une opération chirurgicale (Fitzgerald, Tennen, Affleck, & Pransky, 1993 ; Scheier et al., 1989 ; Scheier et al. 1999) :
- moins de risques pendant l'opération ;
- plus de facilité à reprendre une vie "normale" après l'opération ;
- moins de risque d'être à nouveau hospitalisé.
Santé mentale
Comme le souligne Seligman dans son livre Learned Optimism, le pessimisme est l'un des deux ingrédients de la dépression. Pour info, le second ingrédient est la rumination : des pensées négatives qui tournent en boucle dans la tête.Hygiène de vie
On parle toujours de la santé, mais cette fois de façon indirecte.De façon générale, les optimistes ont des comportements qui préservent leur santé (Mulkana et al., 2001). Notamment, ils font preuve d'une meilleure hygiène dentaire, ce qui conduit à un moindre risque de pathologies dentaires, mais également cardiovasculaires dues à des infections dentaires (Ylöstalo et al., 2003).Les optimistes ont également de meilleures habitudes alimentaires (Soliah, 2011). Ils mangent de façon plus équilibrée et ont un indice de masse corporelle plus faible (Kelloniemi et al., 2005). En d'autres termes, ils sont plus minces.
En revanche, les pessimistes ont une hygiène de vie plus risquée. En effet, on trouve plus de grands consommateurs d'alcool et plus de fumeurs réguliers chez les pessimistes (Kelloniemi et al., 2005).